Retrouvailles d'entre les tombes [Syzaren]

Octobre. Le froid. La foule. Il avait juste une envie : être seul. C’était impressionnant comment à cette période là, c’est misérables esclaves se multiplies. Cependant si l'on vous demande le lieu le plus calme que vous connaissez, que redonderiez vous ? Probablement un cimetière ... C'est pourquoi, lorsque Ethaniel désire être seul, il ne trouve pas de meilleur endroit. Surtout la nuit. La plupart des êtres humains éprouvent une peur certaine, craignant pour des raisons obscures voir le cadavre de leurs proches leur sauter dessus. Mais quelle ironie, lorsque l'on y réfléchit a deux fois, car si il est d'un endroit ou ils risquent peut-être le moins de se faire attaquer par des morts vivants, ce sera davantage dans un cimetière plutôt que dans leur salon ou leur chambre. Enfin, il faisait nuit depuis quelques heures déjà, bizarrement c'était le seul moment ou il se sentait en sécurité. Chercher la sécurité dans un cimetière ... Pas très sécurisant, surtout celui-ci. Il poussa lentement les grilles, et le grincement de celles-ci lui arracha une grimace.

Instinctivement il sortit son paquet de cigarette, en extirpant une qu’il mena à ses lèvres, alors que son briquet lui échappait des mains. Ce qui le fit pester alors qu’il s’inclinait pour le ramasser et allumer le petite tige blanche qui l’apaisa comme par enchantement. C’était idiot comme les vieilles habitudes pouvaient avoir un effet salvateur dans une situation que l’on n’appréciait pas spécialement.

Il faisait froid, très froid. Le vent enlaçait jalousement le corps du jeune homme qui s’avançait d’une marche rapide. Il déambulait parmi les tombes, un sourire accroché aux lèvres, contemplant les noms sur les sépultures des tombes, tout allait bien. « Raven Watson. » Mort à l’âge de 29 ans. Assis sur a froideur du marbre de la pierre tombale de ce chers Raven qu’Ethaniel déboucha vulgairement une des trois vieilles bouteilles qui était posé devant sa pierre tombale en pensant à cette personne qui lui avait tout apportée (les trois bouteilles d'alcool) avant qu'Ethaniel ne vient tout lui reprendre. Rhum. Vodka. Whisky. Son regard se durcit. Le cocktail le plus explosif qu’il soit. C’était exactement ce dont il avait besoin. Simple, rapide, et efficace. Car lorsqu'une mauvaise nouvelle vous tombe dessus sans préavis, il est parfois très difficile d'encaisser et de se relever pour continuer à avancer. On a tendance à se donner à fond dans quelque chose qui nous passionne (ou pas) pour tenter de passer le temps et ne pas penser au problème qui nous occupe l'esprit, seulement que fait-on lorsque l'on a envie de ne rien faire, si ce n'est de déprimer à mort et de cogner sur tout ce qui bouge ? Vous ne voyez pas ce qu'on peut faire ? Très bien, alors je vais vous le dire... on va se bourrer la gueule, c'est évident ! Enfin, boire pour oublier et oublier qu'on a bu, vous ne connaissez pas ce célébrissime cercle vicieux ?! Et aujourd’hui était un mauvais jours pour Ethaniel. Aujourd'hui fut un des rares jours où ses pensées le ramenèrent vers son enfance. Avant ses 8 ans, avant de remarquer qu’il n’était rien au yeux de ses parents. Et surtout avant sa déchéance. Ses souvenirs le ramena sans cesse vers trois visages. Trois visages qui avaient complètement gâchés sa vie. Sa mère Isaya, toujours présente, douce, attentive. La mère parfaite en dehors du fait qu'elle l'avait toujours dénigré. Pourquoi faire un deuxième fils si l‘on est certains d’en dénigrer un ? Le deuxième, Paris. Il avait été un frère, avant ses 8 ans, c'était incontestablement son meilleur ami. Il lui confiait tout, leurs journées n'étaient que jeu et farce tandis que leurs différences s'accordaient à merveille. C'est certainement lui qu’il regrette et hais le plus au final. Il s’est juré de lui faire payer sa douleur et il sait qu’il tient toujours ses promesses. Et enfin le troisième. Ruben. Son père. Lui, il avait tout simplement voulu une fille, il oubliait parfois avoir un second fils. Sur leur visage, il pouvait mettre des dizaines de sentiments, il était passé par tout avec eux et le dernier en date contient deux mots. Haine et vengeance. Parce qu'ils l'ont poussés au pied du mur, parce qu'ils l'ont enlevés son monde, rabaissé au rang de jouet abandonné, ils paieront et très chers. Et leur absence était un trou dans sa poitrine, trou qu’il avait bourré de haine et rancœur.

Et il attrapa la première bouteille qui lui tomba sous la main. Vodka. Parfait. Le plus puissant, ça ne pourrait que lui faire du bien. Le bouchon tomba bientôt à terre. Le goulot à ses lèvres … Il ferma les yeux. Et savoura la sensation du liquide corsé s’écoulant dans sa bouche. Ça faisait longtemps. C’était comme retrouver une vieille amie. Après tout, c’était bien la seule à lui offrir ce qu’il voulait. Une nouvelle rasade … Il sentait son œsophage le brûler, protestant contre ce traitement que lui, avait volontiers oublié. Mais il ne l’écouta pas. Et, bientôt, la première bouteille fut vide.

Au cimetière. La neige. Le froid. Et une bouteille en moins. Vodka. Zut, le plus fort. Il aurait du alterner. Il ne lui restait plus que le rhum et la bouteille de Whisky, et son putain de bon goût. De toute façon, il n’était plus en état.

Ses pensées commençaient à se brouiller, mais très légèrement. Trop légèrement. Il était endurant, maintenant, il en fallait beaucoup plus que ça pour le saouler. Aussi attrapa-t-il la suivante, le rhum. Son goût ambré … Ah. Ça allait mieux. Non, ça n’allait pas mieux en fait. Il s’arrêta, regarde sa main tenant sa bouteille, comme si il se demandait ce qu’elle était en train de faire. Mais cette putain de soif qui lui tiraillait la gorge lui rappela que non c’était pas finie. Et hop, une rasade de plus. Sa langue se passa sur ses lèvres. C’était bon. Tellement bon. Encore. Et la bouteille y passa. Il ne lui restait plus que le whisky, et son putain de bon goût. De toute façon, il n’était plus en état. Depuis longtemps. Ses vêtements était dans un état pitoyable, ses cheveux dans n’importe quel sens, et la tête de quelqu’un qui a bu. Mais tout allait bien. Du moins tout allait bien jusqu'à ce que les grilles se mirent à grincer, quelqu'un venait d'entrer dans le cimetière.

Qui pouvait se rendre en ce lieu à une heure pareille ? Peu de personne aurait l'audace de venir s'y "promener". Son regard scrutait l'obscurité, mais il ne put rien y voir. Peut être n'était-ce qu'un coup de vent ? Le silence … Aucuns mouvements et juste le bruit du vent sur les arbres qui se chargea de faire voler quelques feuilles, laissant frissonner les autres de peur ou de froid ? Comme chaque nuit il aurait du être seule, au calme entrain de boire. Le jeune homme appréciait les cimetières pour cela, ce n'était pas les morts qui allaient le déranger ... Et pourtant ...